Dernier jour de Juillet, je me réveille d’une nuit sans repos. Voilà deux jours que je me trimballe une espèce de fièvre qui m’empêche de dormir correctement. Je me sens déjà épuisé avant de commencer. Mais on s’était mis d’accord avec Renaud la veille, je passe le prendre à la gare de St Augustin à 8h15 et on décolle pour le Raton. Le Raton, je l’ai encore jamais fait. Et il me semble que dans la vie d’un canyoneur niçois, c’est une course indispensable. Le problème du jour, outre mon état de forme assez pitoyable, c’est que nous n’avons qu’une seule voiture. Renaud a lu sur le forum de Descente-canyon qu’il existe un « passage » direct pour rejoindre la piste d’Illion à partir de la D28. Je n’ai pas lu le commentaire mais il m’explique que c’est un chemin de chamois, pas plus. Bah, la bartasse, ça me connait. Ce ne sera pas la première fois que je me paume à l’approche d’un canyon, et encore moins la dernière. Alors on remonte les gorges du Cians jusqu’au parking aval. L’avantage c’est qu’au moins, on n’aura pas de marche de retour. On observe le débit : correct. La visibilité dans l’eau : un peu laiteuse mais pas trop horrible. Bon allez, il est où cet abreuvoir derrière lequel on doit monter un pierrier ?
Et là, c’est parti pour presque 2h de galère ! Aucune sente en vue. Pas même un sanglier ne passerait par là où nous sommes passés. Droit dans la pente au travers de murs de buis plus épais les uns que les autres, entrecoupés de parties d’escalade bien scabreuses dans une pélite complètement délitée. Il fait chaud, diable ! Lorsque nous arrivons par miracle à un collet, on se dit que nous ne sommes plus très loin de la piste. La bonne nouvelle, c’est que nous trouvons une sente. Alors nous la suivons. Et lorsque enfin nous posons les pieds sur cette route qui mène au hameau d’Illion, je suis exténué. J’ai faim, j’ai chaud, j’ai soif. Mais le plus dur est fait et Renaud pousse ma motivation dans le sens qu’il faut. Alors nous marchons vers Illion, puis vers les granges d’Auvare. Arrivés là où on aurait du descendre vers le Raton, nous hésitons. Glacet ? Ou pas ? Bah, ne nous sommes pas à 3/4 d’heures près ! Alors nous continuons sur la piste, passons le ruisseau du Raton pour passer sous le dôme de Barrot en direction de la tête de Rigaud. 3h après avoir quitté la voiture, nous décidons que nous devons être au dessus du ruisseau de Glacet et plongeons vers les pentes herbeuses. Au fond du vallon, de l’eau coule et c’est déjà un soulagement. On n’est pas trop sûrs d’être là où il faut mais nous verrons bien. Il est temps de manger les 2 biscuits qu’il nous reste pour les 6h de canyon promises… On remplit la bouteille, on s’équipe et on est partis !
Si pendant un moment, nous ne rencontrons aucun obstacle, le ruisseau commence à passer par de mini étroitures assez esthétiques. De petits affluents viennent enrichir le débit d’eau plutôt faible au début. L’eau est fraîche mais pas vraiment froide et plutôt claire. La première casacde arrive. Elle est équipée ! Ouf, on est bien au bon endroit. Nous parcourons Glacet en moins d’une heure. Lorsque nous arrivons dans Raton, étrangement, les rochers sont couverts d’une fine pellicule d’argile très glissante qui se soulève et pollue la visibilité dans l’eau. Dommage, on n’aura pas de l’eau claire. Comme les sauts sont déjà peu nombreux, on en fera encore moins !
Le premier obstacle que nous rencontrons dans le Raton porte le numéro 30. Quand même ! Et c’est donc parti pour une longue série de rappels entre 5 et 12m, pour des désescalades à l’infini, et quelques zones de marche plus ou moins fastidieuses. Esthétiquement, le paysage est magnifique. Nous avons un temps parfait, pas le moindre nuage à l’horizon (et heureusement parce que pour la peine, nous sommes rentrés tard dans le canyon). La clue est rarement très étroite et la lumière y rentre volontiers. Comparé à Amen, j’ai trouvé le raton beaucoup plus joli, beaucoup plus creusé avec de belles séries de marmites. Le parcourir est également un peu moins pénible car l’adhérence est nettement meilleure et les cascades plus présentes. Beaucoup demandent de bien connaitre la technique du frotte-frotte : je me coince dans une faille, j’écarte les genoux et les coudes et je me laisse glisser en me frottant et en me dandinant. Pas très éthique mais rudement efficace et rapide ! On peut éviter de sortir la corde un bon paquet de fois de cette façon.
Au final, on a parcouru cette partie du Raton en 2h30, soit un peu moins de 3h30 de canyon pour 3h de marche… A voir si le jeu en vaut la chandelle. Ce qui est sûr, c’est que la prochaine fois je ferai une navette !! Mais nous avons parcouru une des plus célèbres courses du département et j’en suis très content. Epuisé mais content. Je retournerai dans le Raton avec un état de forme un peu plus adapté en prenant mon temps pour l’apprécier pleinement.
Tu sais que tu as une belle sœur qui habite Beuil et qui peut faire la navette !
J’y ai pensé figure-toi, mais on a organisé ça tellement tard, j’étais pas dans mon assiette, et on pensait pas que ce serait aussi long !! Mais je ne ferai plus cette erreur, promis !