Le vallon de Bagnolar fait sûrement partie des plus belles courses du département. Si ce n’est sa marche d’approche un peu sportive, et son débit limité en saison, il serait certainement beaucoup plus parcouru. La sensation d’isolement nous prend dès lors que l’on quitte le petit village de Pélasque, dans la Vésubie. Nous suivons une piste à l’ombre de châtaigniers à l’air millénaire, puis un beau chemin longeant un vieux canal, serpentant au milieu de restanques d’un autre temps… Ambiance recueillement.
Nous passons un premier petit ruisseau, puis le riou Figaret, là où nous sortirons d’ici quelques heures. Le petit pont de bois qui le traverse offre la dernière partie plate avant cette longue et raide montée… Courage, les nuages sont avec nous pour nous apporter un peu de fraîcheur et la vue est splendide. Au fond des gorges, le torrent gronde : c’est bon signe. Enfin nous arrivons au départ. Il est midi quand nous rentrons dans l’eau. Fraîche, mais pas désagréablement. L’air est doux et le soleil finit par prévaloir sur les nuages, c’est parfait pour nous.
Le vallon est encore assez large, très boisé et moussu. L’eau est d’une clarté irréelle. Nous sommes seuls dans ce lieu magique où l’on se sent accueilli sous réserve d’un respect sans faille. Nous essayons de ne pas écraser les mousses, de ne pas déranger les habitants. Tout est tranquille, trop…
La première étroiture est là, un joli saut. Il n’y en aura pas beaucoup durant le canyon. Sous peu, les gorges vont se resserrer et les rappels vont s’enchainer. Le paysage devient plus minéral, voire austère et sombre. La terre nous avale et nous recrache un peu plus loin, au rythme des étroitures. Le canyon est technique, le débit d’eau parfait. Nous prenons tant de plaisir que les 4h30 passées dans l’eau s’écoulent vite, trop vite. Et quand nous arrivons au riou du Figaret, seule la fatigue qui nous rattrape nous fait comprendre qu’il était temps que ça s’arrête.
Assurément, dans ces conditions, une course grandiose !