Durant ces quatre mois d’intense activité, peu de temps m’aura été laissé pour m’adonner à mon sport favori : l’escalade. J’ai tout de même eu l’occasion de découvrir quelques uns des sites d’escalade proches d’Ajaccio. Rien de bien extraordinaire comparé à ce que l’on peut trouver autour de Nice, mais chacun de ces sites auront au moins l’intérêt du dépaysement, ne serait-ce que pour la grimpe sur granit, toujours très différente de ce que je connais sur le calcaire niçois.
Saint Antoine
Ma première expérience fut de loin la pire ! Saint Antoine, ce sont quelques secteurs disséminés ça et là à flanc de montagne, accessibles depuis un petit col sur la route de Capo di Feno (très belle plage en passant). Nous cherchions alors un site avec Carole nous permettant de grimper à l’ombre l’après midi. Quelques dalles pas franchement attirantes, un caillou peu engageant, à gros grain et tout en rondeurs peu adhérentes du fait de la chaleur, dans un cadre péri-urbain pas vraiment fantastique… Bref, à éviter. Ne nous attardons pas sur le sujet.
Valdu di Saltu
La bonne surprise que ce mignon petit site de blocs situé à l’ombre d’une forêt de chênes et d’arbousiers toute tranquille, proche du village de Petreto Bicchisano, sur la route de Propriano. Ce secteur offre de quoi passer quelques belles journées entre potes, même lorsque la chaleur de l’été se fait trop accablante pour grimper au soleil. Malheureusement pour moi, j’y suis venu seul et sans crash pad, contraint et forcé de rester sur les blocs les moins haut et pas trop délicats. Mais il y en a déjà bon nombre et ma journée ne fut pas perdue. Il m’a même plutôt semblé que le site offrait plus de blocs faciles que de blocs durs, voire pas assez de blocs durs pour y revenir vraiment souvent. Cependant, la grimpe est globalement d’excellente qualité et souvent déroutante à cause d’un granit sculpté dans d’improbables formes. A faire si vous passez dans le coin !
Et en bonus, une petite vidéo :
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Livesi – Rocher de Petra piomba
La roche surplombante. Suffisamment rare dans la coin pour la nommer ainsi. Un petit site tranquille et agréable, à l’ombre le matin et une bonne partie de l’après-midi en été quand le soleil est bien haut. Quelques belles voies dans le 6ème et 7ème degré. Rien d’extraordinairement original, mais de quoi se mettre les bouteilles, surtout après un cruel manque d’entrainement. Et ce n’est pas Chloé qui me contredira !
Monte Gozzi – Saga Corsica
Une chose est sûre, ça se mérite ! Une des pire marches d’approche que je connaisse ! Une montée raide dans le maquis en plein cagnard suivie d’un couloir encore plus raide, heureusement à l’ombre seront nécessaire pour bénéficier d’un panorama imprenable sur la baie d’Ajaccio. Et quelle tranquillité ! A quelques kilomètres à peine d’Ajaccio, on se croirait dans les Alpes. Enfin, avec un peu d’imagination..
Le secteur Saga offre quelques voies à l’ombre la majeure partie de la journée, exactement l’inverse du secteur de la grande vire juste à côté, aux lignes immanquablement plus attirantes. Côté caillou, plutôt abrasif et pas exactement le type que je préfère avec une adhérence très limitée par grosse chaleur et des voies souvent très bloc, à l’image de l’éponyme du secteur, un 6c qui vous ouvrira ses portes sur la simple tenue d’une seule prise ! Les voies en 6 à droite du secteur méritent tout de même d’être visitées, mais attention aux cotations qui nous ont semblé bien tassées ! Quoiqu’il en soit, une journée fort agréable en compagnie de Charlotte, Chloé et Matthieu !
La Richiusa
Et oui, la Richiusa n’est pas seulement un canyon, c’est aussi un site d’escalade. Nous sommes restés avec Chloé et Charlotte au secteur principal appelé la source, majoritairement dans le 6ème degré et offrant de belles envolées verticales, sur prises plutôt rondes à gauche, et nettement plus franches à droite. De très belles voies intéressantes à parcourir. Charlotte aura même grimpé sa première voie en tête ! Le site présente de nombreux autres secteurs à découvrir, et même un secteur de très haut niveau développé par Quentin Chastagnier à la sortie du canyon. Même si l’accès aux voies peut sembler peu pratique, elles sont majeures selon l’ouvreur. Une autre fois pour moi, je n’avais déjà plus le niveau à ce moment-là !
Rupione
Un petit site d’initiation assez mignon. Le parking, dans une belle forêt de chênes liège est particulièrement bucolique et attractif pour tout ce qui est siestes ou sessions de slackline. Le site en lui-même présente peu d’intérêt pour l’escalade hors débutants. Du 4 au 6b max, les longueurs sympas mais loin d’être exceptionnelles sont à réserver aux écoles du coin. Les autres, passez votre chemin.
A final, Ajaccio est loin d’être la destination phare de la grimpe en Corse. Mieux vaut faire le déplacement du côté de Corte ou de Bavella (pour les grandes voies TA). Mon coup de coeur restera le Valdu di Saltu. La Richiusa et le Gozzi sont à visiter également. Le reste, vous pouvez oublier. Allez faire un canyon, une rando, ou partez découvrir une des nombreuses merveilles de l’île de beauté, cela en vaudra probablement plus le coup d’oeil !
PS : Bonifacio
Qui ne connait pas Bonifacio, ce village perché au sommet d’une falaise qui semble vouloir s’effondrer d’un instant à l’autre ? Sans aucun doute un des plus beaux coin de l’Europe ! S’il est clairement impossible de grimper sur ces imposantes falaises pour cause de qualité médiocre du rocher (une espèce de mollasse ressemblant à ce que l’on peut trouver à Venasque) et de sacrilège visuel engendré par la présence d’un grimpeur dans ce panorama trop magnifique, j’ai tout de même découvert un spot qui, à mon avis, est suffisamment intéressant pour y amener une vieille paire de 5.10 et une bonne réserve de pof ! Attention, deep water soloing !
Vous trouverez la falaise en dépassant Bonifacio vers l’est (moins de 5min en voiture, vue imprenable sur le village en passant) et en vous garant au premier endroit d’où la mer vous parait accessible. Vous croiserez quelques blocs sur le chemin d’accès au pied des falaises, déjà relativement attirants et je pense bien utiles pour la chauffe. En bas, dépassez les nombreux plagistes somnolant au soleil, toujours vers l’est (à la nage ou à pied si vous avez le pied sûr). Trois criques plus loin, la grotte est immanquable : haute d’une dizaine de mètres, large de 20, des eaux turquoises en réception (à aller sonder tout de même, je n’avais pas de masque pour vérifier partout la profondeur), et des strates en veux-tu en voilà, idéales pour créer nombreuses lignes et connections, le tout dans un dévers à faire passer déversé pour une dalle ! Bon, Ok, j’exagère, disons à peu près comme à déversé, mais des prises en plus ! Ok, y’a un peu de sable dessus, mais quelques passages et un coup de brosse (dans le crux, toujours facile de sortir sa brosse) et il n’y paraitra plus. Je n’avais bien évidemment pas mes chaussons, je n’ai donc pas pu m’aventurer bien haut, la gravité me ramenant bien vite à mon triste sort de bipède terrestre, mais le caillou m’a paru suffisamment solide pour grimper sereinement. J’ai même testé quelques petites réglettes du haut de mes 60kg, ça a tenu ! Enfin, le caillou, moi non ! Enfin voilà, mon imagination débordante a repéré un bon paquet de lignes, de pas trop dures à extrêmes je pense. Si je reviens en Corse l’an prochain, il est clair que j’essaierai d’y faire un tour histoire de défricher tout ça ! Affaire à suivre…