Une question revient souvent lorsqu’on fait mon métier : « Est-ce que ce n’est pas lassant à la longue, de faire toujours les mêmes canyons ? » A ceux-là, je réponds souvent que lorsque l’on est passionné, on ne se lasse jamais. Mais c’est un peu éluder la question. Alors je développe sur ce post parce que j’ai le temps et l’envie d’écrire.
D’abord, il faut savoir que les Alpes Maritimes est le département où l’on trouve le plus de canyons en France. Vous pouvez aller faire un tour sur le site référence qu’est Descente-Canyon (la bible du canyoneur) pour vous en convaincre. A ce jour 248 canyons référencés, largement devant nos voisins des Alpes de Haute Provence avec leurs 178 canyons. La Corse arrive loin derrière avec seulement 76 canyons !
Bon, soyons honnêtes, dans les 248, un bon nombre ne méritent pas vraiment le nom de canyon. Mais tout de même, nous avons de la chance d’habiter dans le coin. Tout ça pour dire que non, je ne fais pas toujours le même canyon même si bien sûr, j’ai mes parcours de prédilection. Si je compte, dans l’ordre de difficulté, je tourne très fréquemment dans Cramassouri, l’Imberguet, la Bollène, la Barbaira, le Riolan, la Maglia. Ajoutez à ceux-là de façon occasionnelle Challandre, la Peïra, Bagnolar, la Carléva, le Gours du Ray, Aiglun, Morghé, Cuébris, Courmes et vous voyez vite que le choix en terme de canyons est assez vaste. Et je ne parle que de ceux que je pratique à titre professionnel ! Vous pouvez parcourir la section Sorties perso de mon blog pour voir que je ne chôme pas pendant mes journées de repos.
Une dernière raison qui fait qu’on se lasse difficilement tient du fait que chaque journée est différente. Les clients, les ambiances, les lumières, les températures sont autant de facteurs qui varient tous les jours. Et pour illustrer parfaitement cela, voici l’exemple parfait : j’encadrais le 9 juillet un groupe de jeunes forts sympathiques dans la Bollène. Grand beau temps, superbe ambiance, débit correct. Un de mes clients éprouve quelques appréhensions face à l’eau et je sors souvent la corde mais tout se passe bien. Le temps se gâte en fin de parcours et nous finissons sous une pluie battante mais les sourires sont toujours là. Moins d’une semaine plus tard, je retourne dans le canyon avec cette fois un couple. Un orage la veille a bouleversé la rivière qui s’est changée en torrent boueux. Le débit est suffisamment fort pour demander une vigilance de tous les instants. On ne voit pas où on pose les pieds. La corde est de mise pour tout plein de passages habituellement anodins. Un autre canyon. Tout se passe pour le mieux mais nous sortons tous les trois épuisés.
Toutes ces raisons font que non, je ne m’ennuie jamais en canyon. Mais vous pouvez poser la questions à ceux qui tournent dans le Loup deux fois par jour pendant deux mois, ils n’auront peut-être pas la même vision des choses…