En ce début de vacances de février, nous profitons d’une petite pause au sein des clubs pour aller nous dégourdir les avant-bras dans une région chère à nos moqueries récurrentes : l’Ardèche. C’est donc sous l’hospitalité de Katell Leyoudec et Guilhem Trouillas, fraîchement élu président du CD07, dans leur joli hameau de Drôme-la-romaine, que Bérenger Boulvert, Kévin Aglaé et moi-même délaissons pour un temps Castillon pour aller goûter aux célèbres colonnettes du pilier d’Autridge.
Cependant, afin de ne pas trop perturber les valeurs locales en défrichant la falaise au complet, nous avons commencé notre mini-trip par un contest organisé par le club des Vans, Roc n’Potes, le club où Guilhem enseigne. Comme à chacun de ces événements, ambiance garantie, avec pétage de biceps en prime ! 30 blocs pour se qualifier en finale, que Kévin et moi atteignons tandis que Boul, désavantagé par son nouveau sponsor Aircast, se contentera de la 8ème place. Kévin, pas dans sa plus grande forme, se hisse sur la troisième marche du podium, me volant de peu la place. Et c’est Greg Dumoulin, l’ancien local expatrié en Alsace (le pauvre) qui remporte le contest chez les hommes. Chez les femmes, notons la belle performance de Katell qui prend également la troisième place malgré (selon elle) une petite forme. Un résumé complet avec photos sur le blog du club ici.
Mais revenons à ce qui nous passionne : le caillou. Dès le lendemain, dans un état de forme assez pitoyable, nous attaquons la descente du goulet qui nous amène sous le célèbre pilier, sur cette vaste vire plein sud au dessus de l’Ardèche, dominée par une trentaine de lignes plus attirantes les unes que les autres. Ainsi commence notre valse des colonnettes ! Parce qu’il faut bien comprendre qu’à Autridge, la pince est reine au pays des préhensions. Disons qu’un Playmobil première génération (vous savez, ceux qui n’ont même pas la rotation des poignets) serait plutôt à l’aise dans cet océan de concrétions. Quoiqu’il lui manquerait probablement une articulation complexe au genou lui permettant d’enquiller lolotte sur lolotte. Parce que la grimpe de face, dans ces longueurs entre 25 et 50m, ça ne propulse pas souvent jusqu’au relais. Citons d’ailleurs ici une belle phrase de notre Kévin Aglaé national, philosophe à ses heures perdues (ou plutôt philosophe perdu à ces heures) : » La lolotte, c’est la godille du grimpeur. » On sent la polyvalence.
Mais je m’égare une fois de plus. Nous avons globalement été béni par des conditions climatiques assez parfaites. Gros soleil, petit air, propice aux siestes. Certaines voies étaient assez humides mais la majorité grimpable. Le ticket d’entrée à Autridge est assez élevé et il faut bien avouer que les locaux n’ont pas été très tendres avec les cotations, particulièrement dans les voies les plus abordables. Ne vous fiez pas à l’extraordinaire quantité de prises dans les voies de chauffe. Ça penche plus que de raison et si les petites astuces verrouillantes ne vous viennent pas spontanément à l’esprit, vous risquez de voir vos avant-bras enfler plus que vous ne l’auriez désiré assez rapidement et votre chauffe se finir en combat au moral. Ici, on prend son temps, et tant pis pour l’assureur.
Lorsque l’on rentre dans le vif du sujet, on atteint très vite des longueurs flirtant avec les 50m. Dans ce style, Kévin empoche en quelques essais « Le chamane du bout du monde », le 8b+ classique de la falaise, suivi par Florence Pinet et Gérôme Pouvreau (qui manque un faux à vue de peu). Le charmant couple a en effet squatté le pied de falaise (et aussi touché quelques relais) avec nous quelques jours. Guilhem poursuit sa quête de la croix de la falaise en sortant « La déroute », un 8a/+ récent, variante de droite du Chamane, que Kévin parcourra presque à vue en fin de séjour. Toujours dans le style bien long, Gérôme fait la première du « crépi », un 8b+/c où bizarrement, l’absence de colos semble se faire sentir au dessus du relais intermédiaire.
Malgré tout, un certain nombre de voies (ou de premières longueurs) offrent une amplitude moindre pour les handicapés de la conti comme moi ou pour les handicapés tout court comme Bérenger. Dans un niveau plus modeste, j’enchaine le début du chamane en 7c, la très belle « Marquée Moon » en 7c+ et le splendide « Captain marge » en (gros) 8a. Mon combat livré dans cette dernière me permet d’affirmer sans détour que « Captain taquet » correspondrait mieux à cette longueur ! Boul coche également le chamane mais manquera de peu les deux 7c+ que sont « Marquée Moon » et « Saga Africa », tandis que Kévin terminera quant à lui sa dernière journée de volume en se promenant dans toutes ces longueurs sans franchement vibrer.
J’arrête ici cette liste de croix qui, somme toute, n’intéresse personne pour laisser parler les photos. Un petit mot cependant sur l’essai de Gérôme dans « le marbre », un ex 8b et nouveau 8b+/c qu’il a manqué vraiment de peu à vue. Avoir été témoin de cette explosion d’énergie, de sa capacité à prendre la bonne décision en une fraction de seconde, à rester concentré en tout temps et de ne rien lâcher même quand tout semble perdu a été assez inspirant ! Le run lui aura sûrement coûté quelques journées de repos derrière à cause d’une probable blessure au doigt. Espérons que ça ne soit pas trop grave. En tout cas, merci pour le spectacle !
Quelques liens :
Deux articles sur le blog de Guilhem : Nulla dies sine linea ici et ici.
Un article sur Grimper.com.
la classe ce post syl !!! cette falaise est magnifique vous aviez l’air d’etre bien tranquilles… la biz a+