30 avril 2012. Nous embarquons avec Kati sur le Ferry qui nous amènera quelques heures plus tard sur l’île de beauté, précisément à Bastia, point de départ d’un beau parcours de 3 semaines à la découverte de cette merveilleuse région qu’est la Corse. Mobiles et libres comme une feuille d’automne au gré du vent, nous avons pu admirer la beauté sauvage du Cap Corse, les montagnes austères autour de Corte, les plages aux allures de lagons du Pacifique vers Porto-Vecchio, les écrasantes aiguilles de Bavella, les vieilles citadelles témoins d’une histoire incroyablement riche comme Bonifacio ou Calvi, ou encore les contours déchiquetés de la côte nord-ouest et les rafraichissantes forêts de pins laricio aux cours d’eau cristallins (et glacés !) du centre Corse.
Parmi ces paysages plus époustouflants les uns que les autres, nous avons profité de ce que la Corse peut également offrir à nos mains avides d’agripper la moindre réglette ou n’importe quelle colonnette : les falaises. La Corse est extrêmement riche en cailloux. Si la grosse majorité des roches sont granitiques, quelques affleurements calcaires sont également présents par ci par là, pour le plaisir de la variation, et même quelques falaises de schistes dans le nord. Malheureusement, la Corse compte également assez peu de grimpeurs et l’activité n’est pas très développée comparativement au potentiel existant. De nombreuses falaises attendent encore les courageux qui feront chanter le perfo (après, soyons francs, quelques bonnes heures de marche à travers le maquis). Certains secteurs semblent inachevés, d’autres abandonnés… Quelques mauvaises surprises vous attendent quelques fois au relais ! Bref, la dynamique d’équipement n’est pas la même que dans les Alpes Maritimes. Mais qu’importe, on peut déjà s’amuser avec bon nombre de cadeaux, si l’objectif principal n’est pas la haute performance (voies dures, où vous cachez-vous ?) Après une petite carte des sites visités, voici un petit aperçu des lieux où nos pieds ont foulé le gratton :
Pignu :
Pignu est une falaise de schiste qui se situe sur les hauteurs entre Bastia et St Florent. Il nous a fallu emprunter une petite route menant à un sommet peuplé d’énormes antennes mais où la vue est tout simplement incroyable ! Bastia et l’étang de Biguglia d’un côté. La baie de St Florent de l’autre, ainsi que les montagnes du Cap Corse au nord. Bref, ne manquez pas d’y monter, ça vaut le coup d’oeil. Le site, lui, se trouve un peu plus bas. La marche d’approche est inexistante, la falaise mignonne, le pied agréable. Tout pour plaire ! Le rocher est de très bonne qualité, et très agréable à grimper et malgré l’absence de voie dures, Kati et moi nous sommes beaucoup fait plaisir à parcourir les nombreuses voies en 5+ sur de beaux murs verticaux. L’équipement est correct, mais pas parfait… Certains relais auraient besoin d’un petit rafraichissement !
Monte :
Le deuxième spot que nous avons visité est Monte. C’est mon coup de coeur personnel. La falaise presque parfaite. Monte est un petit village perdu au bout d’une route qui traverse quelques petits villages où le temps semble juste couler à un rythme différent. Juste avant le village, on prend une piste qui monte vers une petite carrière, traversant troupeaux de cochons et sous la fraîcheurs de feuillus qui semblent millénaires. La falaise s’atteint après quelques 20 minutes de marche. On peut dire qu’on se sent seul quand on arrive au pied de cette magnifique barre de schiste, dont le secteur principal est un léger devers régulier à bonnes prises. Amis de la conti, voici votre paradis ! Une escalade simple, pas traumatisante où il s’agit plus de gérer son rythme qu’autre chose. Quel plaisir que j’ai pris dans ces envolées entre 7b et 7c !! Le niveau global du site est élevé mais les moins vaillants n’ont pas été oubliés puisqu’un secteur comprenant quelques belles voies en 5 et 6 a été équipé. Du plaisir pour tout le monde.Et un calme insondable…
Francardo :
Francardo, royaume du calcaire Corse. Avec Caporalino et Pietralba non loin, cette région toute proche de Corte offre quelques unes des falaises calcaires les plus intéressantes en Corse. Nous avons grimpé au secteur Aïti, un mur assez grand en son centre qui propose de belles envolées entre 6c et 7b+. Vous trouverez toutes les difficultés à Francardo. Même du très dur si besoin grâce à la présence d’une petite grotte (non visitée). Le secteur Aïti nous a semblé être le plus intéressant, car offrant une palette de difficultés assez large et des longueurs de voies dépassant quelques fois les 20m. Le caillou et l’escalade sont plus classiques qu’à Monte et Pignu, mais le coin tout aussi charmant, si moins sauvage. Les vaches rencontrées dans les champs sur la marche d’approche bucolique en attestent.
Bavella :
Direction le sud ! Ah, les aiguilles de Bavella ! Site de renommée internationale, paysage pour le moins spectaculaire, royaume du canyoning et de la grande voie Corse. Bavella, c’est tout simplement magnifique et un lieu à ne pas manquer si vous êtes en Corse du sud. Si la saison le permet, partez découvrir le canyon de la Purcaraccia (même à pied, ça vaut le coup).
Etant limités en équipement, nous nous sommes contentés de visiter un secteur de couennes. La grimpe sur le granit Corse a quelque chose de spécial et même d’amusant. Du moins un temps. Les parois sont tellement attirantes à l’œil ! Toutes ces formes créées par les tafonis, ces grandes conques dans lesquelles il n’est pas rare de pouvoir s’assoir, sont particulièrement esthétiques. En revanche, elles présentent selon moi un intérêt limité pour notre sport. Gros bacs, rétas, gros repos suivis de pas de bloc souvent ingras… On est loin de l’homogénéité d’une belle colo calcaire ! Mais ça change, et c’est ludique. Alors on s’est fait plaisir dans les longueurs en 6 du secteur Campanella. Et puis encore une fois, le cadre est tellement beau que l’escalade en devient presque secondaire. On admire juste.
S’il ne m’a jamais été donné l’occasion de faire de la grande voie à Bavella, j’espère que cela changera sous peu parce que, avouons-le, faire de la couenne ici, c’est un peu comme se contenter des miettes de ce que les parois nous offrent. Affaire à suivre…
Conca :
Conca est une petite falaise calcaire du sud de la Corse, proche du célèbre village départ (ou arrivée) du non moins célèbre GR 20. Ici, pas question de randonner ! La falaise se trouve à 30 secondes du parking. Loin d’être majeures, quelques lignes sont tout de même sympathiques à grimper. La falaise se divise en 3 secteurs. Le premier présente les voies les plus dures (jusqu’à 7b+) et mâche un peu les doigts dans des sections souvent bloc. Le deuxième secteur présente assez mal visuellement, ce qui nous a incité à passer directement au 3ème, une belle dalle longue et agréable à parcourir dans des cotations abordables. Bref, de quoi passer une agréable journée si la chaleur ne vient pas gâcher la vue sur le golfe de Pinarellu.
Pianottoli :
J’ai placé ce charmant secteur de bloc sur notre itinéraire pour une raison bien précise. Voici quelques années, alors que j’étais encore étudiant et que je débutais l’escalade, un voyage en Corse avec des amis m’avait amené jusqu’à cette pointe. Nous y avions grimpé sans autre matériel que nos chaussons, et le souvenir que j’en gardais était merveilleux mais un peu flou.
L’accès est maintenant fermé aux voitures, et il faut 5 petites minutes depuis la route pour atteindre les premiers blocs. Ces premiers blocs que j’avais tenté de grimper 10 ans auparavant ! Réception parfaite, petite pelouse, hauteurs abordables. De quoi se chauffer en toute sérénité et profiter du cadre encore une fois incroyable de ce secteur en bord de mer. Mais quand il fut question de passer aux choses plus sérieuses, j’ai été un peu déçu. La grosse majorité des blocs se trouve dans un chaos aux réceptions plus que douteuses. A un pad/un pareur, très peu de lignes m’ont parues abordables (mais j’avoue ne pas avoir poussé mon exploration au maximum des ses capacités). Au final, c’est avec de belles photos et une certaine frustration que nous avons quitté le lieu. Certains passages semblent exceptionnels, même si leur nombre est assez limité. Et je doute que l’occasion me soit donnée de revenir ici avec une armée de pads et de pareurs.
Valdu di Saltu :
J’étais également déjà passé l’an dernier au Valdu di Saltu (article à lire ici) et j’avais été charmé par le calme tranquille de ce petit spot en forêt. Nous sommes donc venu poser notre pad sous ces blocs de granit aux formes souvent extravagantes. Certes, les conditions n’étaient pas avec nous. Chaleur et humidité = moiteur ! Pas facile de se lancer dans de la haute performance. Mais qu’importe car le site regorge de petits problèmes faciles et ludiques. De quoi passer une agréable demi-journée. Nous avons exploré bon nombre de passages du secteur du couloir qui ne constitue qu’un tiers du site. Il reste encore des choses à faire et j’essaierai de revenir durant l’été et ma saison de canyon à Ajaccio.
Restonica :
La vallée de la Restonica est un haut lieu du toursime en Corse. Et même hors saison, ça brasse du monde ! Que de véhicule sur cette petite route menant au coeur des montagnes et au célèbre lac de Melo ! Que de caillou également. La Restonica est probablement le coin de Corse où vous trouverez la plus grande concentration de couennes. Nous avons visité 2 secteurs : Picellu et Sorbellu. Encore une fois, la météo a joué des siennes et nous a empêché de profiter à fond de ce granit si particulier. Mais encore une fois, nous nous sommes bien fait plaisir à parcourir les belles envolées en 6 du secteur Pyramide à l’escalade surprenante.
Pietralba :
Pietralba, c’est le mystère… Quelqu’un pourra peut-être me renseigner mais je n’ai pas compris pourquoi un tel secteur semblait autant abandonné. Cette falaise calcaire est belle, offre une large palette de cotations et une escalade de qualité. En revanche, les figuiers ont repoussé, les prises sont poussiéreuses et le pied des voies tellement confortable est envahi par les herbes folles, les ronces et autres orties !! L’équipement aussi subit le poids des années. Je n’ai pas osé me lancer dans certaines voies tant les plaquettes sont peu rassurantes ou le relais obsolète. J’ai expérimenté le relais sur une seule plaquette non vissée couplée avec un micro maillon… Intéressant !
Au delà de ça et du vent à décorner les bœufs qui à dire vrai incommodait plus nos ascensions que les vaches aux alentours, ce petit site mérite vraiment le détour. Beau caillou et belles voies, petite marche d’approche et cadre charmant à défaut d’extraordinaire. Encore une fois de quoi passer une très bonne journée. Mais n’oubliez pas brosse et petite scie ! Voire perfo et plaquettes…