Mardi dernier, avec Basile, Thomas et guidés par Vivien, nous sommes montés à Annot pour qu’enfin je découvre ces fameuses fissures. Depuis le temps que j’ai découvert qu’elles étaient brossées et grimpables en escalade sur coinceurs, cela me taquinait le verrou d’aller m’essayer à cette escalade si atypique par chez nous. Pauvre d’une expérience très limitée dans le domaine, c’est donc sous les conseils avisés de Vivien (devenu depuis l’automne dernier un grand connaisseur des lieux) et de Thomas (qui a déjà l’expérience d’Indian Creek), que nous commençons à nous équiper au pied de la première fissure qui nous intéresse : « Jo part à Cétamol », un 6a « de chauffe » bien en verrous… Matériel, gants de strap, chaussons larges et souples, tout est bon et c’est parti pour Vivien qui ouvre le bal.
Il faut savoir que pour un néophyte en la matière, grimper du 8b en dévers sur colos n’aide en rien à ce type d’ascension. L’humilité est donc de mise, et l’éthique « stricte » du grimpeur sportif s’en voit tout modifiée. On grimpe avec tout ! Genoux, coudes, arbres, tant qu’on va vers le relais, on est bon !
Après Vivien, je me lance dans la ligne en moulinette, histoire d’apprécier la qualité de mes gants et ma capacité à savoir verrouiller correctement. Comme il m’était déjà arriver de le faire lors de mon voyage au Canada, la chose m’est revenue assez naturellement et c’est sans trop de difficulté que j’enchaine ma première longueur.
Juste à gauche de là se trouve une autre fissure bien moins accueillante et facile à protéger : « Paolo Felici », une voie cotée 7b avec un crux bien haut sur le dernier coinceur. C’est donc naturellement en passant par le haut que nous équipons la moulinette pour aller voir ce qu’il en retourne. Cette fois-ci, point n’est question de verrouiller les mains, mais plutôt de dulfer une petite fissure pas évidente mais pas si dure non plus. On remonte ensuite une fissure facile pour arriver sur une rampe oblique. Et là, c’est le drame ! La rampe suivante se trouve loin à gauche, après une jolie dalle bien trop lisse à mon goût. Finalement, le pas n’est pas si dur, mais le faire en tête ou en moul change radicalement la donne : ce sera pour une autre fois.
Il est temps pour moi de placer quelques camalots. Je retourne donc fière de mon passé de grimpeur traditionnel dans la fissure en 6a, choisis de changer un peu l’itinéraire pour jouer un peu plus du verrou, me mets un peu en vibration mais passe quand même plutôt bien ! Relais clippé !
La suite de la journée, on jouera dans « les voillage faurmes la jenaice », un 7a+ bien retors de la chambre du roi, la belle fissure oppressante de « hand training », le 6a fissure par excellence, l’autre classique en 6a de « Dedicata alla val di mello » (on ne pose pas tous les jours un n°6), le 6c à trous exceptionnel de « spitalgie », et le superbe 7a « Vingt 2 ». Globalement, je n’ai pas trouvé les cotations serrées si on s’en réfère uniquement à la difficulté de la voie. En revanche, poser les protections à la montée rend l’ascension largement plus ardue ! Sang froid, rapidité et expérience sont de mise. Mais quel plaisir que de sentir son n°2 s’ouvrir et crisser sous les petits grains de sable ! Bref, une aventure palpitante à renouveler sans modération, même si, je le souligne, ma préférence reste et restera encore longtemps le bloc pour sa simplicité et la légèreté de ce qu’on trimballe sur le dos (flemme, quand tu nous tiens).
Un gros merci à Vivien pour nous avoir guidé dans ces lignes et pour avoir porté et partagé une bonne partie du matériel. La prochaine fois, ce sera « Vingt 2 » en tête et on ira voir du vraiment dur !!